Tribune parue sur le site du Monde le 11 juillet
NB : L’association Sauvons l’Ilôt Pêche d’Or Bergerie n’est en aucun cas responsable de la publication de cette tribune. Les propos qu’elle contient n’engage que leurs autrices. L’association ne fait que mettre à disposition un espace de son site internet pour relayer la liste complète des signataires qui ne pouvait figurer en intégralité sur le site du Monde.
Texte intégral :
Lettre ouverte à Mme Borne, première ministre
Madame la ministre,
Les travaux qui menacent l’Ilot Pêche d’Or -Bergerie dans le quartier populaire des Malassis à Bagnolet (Seine-Saint-Denis) sont imminents. Sans une intervention rapide de votre part, il sera trop tard dans quelques jours pour sauver ce lieu si important pour le quartier et en particulier pour nous, femmes et mères de ce quartier. Voici pourquoi :
A une époque où garantir une place juste et sûre aux femmes dans l’espace public émerge enfin comme un enjeu majeur, il serait aberrant de détruire un lieu public fréquenté majoritairement par des femmes de tous les âges, des mères de famille, des assistantes maternelles et plébiscité par elles. En effet, en tant que femmes et mères, nous trouvons à la Bergerie des Malassis un havre de paix et de sécurité ouvert à tou.te.s. Depuis 11 ans que des rencontres, des concerts, des festivités diverses amènent de la joie et de la convivialité dans notre quartier, nous n’avons jamais eu à déplorer de comportement déplacés, sexistes ni d’agressions sexuelles, alors qu’elles sont souvent la contrepartie de tout rassemblement festif ailleurs. Pour des raisons qu’il serait bon de laisser aux sociologues le temps d’éclaircir, ce lieu est « safe ».
Pour nos enfants qui grandissent à nos corps défendants dans le béton et le tout numérique, c’est un endroit magique de rencontre avec la nature et le vivant. Le sol de fleurs et d’herbes hautes est le plus beau tapis d’éveil pour les bébés. Ici, celles qui allaitent le font sans gêne ni crainte : le lieu offre à chacune la possibilité de s’installer comme elle le souhaite, sans l’injonction à se cacher absolument qui règne dans la plupart des espaces publics de notre pays. Nous y avons réappris le geste simple de cueillir avec parcimonie pour nos enfants, les framboises et les baies de cynorhodon. Nos enfants y jouent ensemble avec délectation, trouvant dans les recoins et les cabanes du lieu des aires de jeux poétiques et mixtes. L’espace est fait de telle sorte qu’il est nécessairement partagé et ne peut être confisqué par un jeu de ballon qui ailleurs relègue bien souvent les filles aux marges des aires de jeux. Les chèvres et les poules les émerveillent inlassablement. Ici les écrans n’existent pas : on n’y pense même pas.
Dans la lutte menée depuis 11 ans sous l’égide de l’association Sors de Terre pour défendre ce lieu et dans les soutiens actifs de la Bergerie des Malassis, ce n’est donc pas un hasard que l’on compte une grande majorité de femmes. Aux côtés du berger qui est la voix et le visage de la Bergerie pour le grand public, ce sont des femmes qui permettent à ce lieu d’exister. A l’image des tissages que la talentueuse artiste Matrupix réalise avec la laine des moutons de la Bergerie, nous tissons des liens entre nous et avec le vivant qui nous entoure. S’il faut les prononcer, les mots de sororité et d’écoféminisme trouvent ici leur parfaite illustration : mais ce sont des réalités que nous avons vécues avant de savoir qu’elles avaient un nom.
Si l’ilôt Pêche D’Or est rasé comme le prévoit le projet architectural, nous aurons face à nous un complexe scolaire géant et impersonnel, de béton et de verre. Nous aurons un jardin public ordinaire, où tout ce qui nous protégeait aura disparu : les arbres, les cabanes, la présence apaisante des animaux, le sentiment d’attachement collectif.
Madame la ministre, une association de citoyen.ne.s du quartier vous a récemment adressé un courrier, des citoyen.ne.s vont ont interpellée pour vous demander de donner les moyens à la ville de Bagnolet de sauver cet endroit. Nous appuyons cette demande de tout notre cœur.
Les premières signataires
- Nina Abou, psychologue, mère d’Elio, habitante du quartier
- Aïcha Bathily, étudiante, habitante du quartier
- Ginette Brulin, assistante administrative, habitante du quartier
- Mariama Camara, auxiliaire de vie, mère d’Aïcha, habitante du quartier
- Dienaba Djigo, cuisinière, habitante du quartier
- Nelly Fournet, épidémiologiste, mère de Diego, habitante du quartier
- Nathalie Gabaudan, habitante du quartier
- Nadia Hassani, étudiante, habitante du quartier
- Ndiaye Kebe, assistante bilingue juridique, mère de Tidjani, habitante du quartier
- Florence Robin, enseignante, mère de famille, habitante du quartier
Liste intégrale des signatures :
Si vous souhaitez vous associer à cette tribune, vos signatures sont les bienvenues. Il suffit de cliquer sur ce lien et de rajouter votre nom dans ce document.
Liste des signataires par ordre alphabétique :
Nina Abou, psychologue, mère d’Elio, habitante du quartier
Margaux Baqué, médecin, mère et habitante du quartier
Aïcha Bathily, étudiante
Haby Bathily, cuisinière, mère de Yaly, Coly, Youba et Mami coumba, habitante du quartier .
Mariame Bathily,caissière, mère de Zeynab et Omar habitants du quartier
Yaly Bathily, collégienne , habitante du quartier
Jeanine Biscioni, retraitée, habitante du quartier
Marion Bonilauri-Moire, mère de Tom et Abi, responsable associative et habitante du quartier
Aglaé Bory, photographe, mère et habitante de Bagnolet.
Ginette Brulin, assistante administrative. habitante du quartier
Mariama Camara, auxiliaire de vie, mère d’Aïcha, habitante du quartier
Sylvie Chabroux, attachée de presse, mère et habitante de Bagnolet
Grace Coston, interprète de conférence, habitante du quartier depuis 1981
Jérômine Derigny, photojournaliste, habitante de Bagnolet
Adia Diaby-Bouet, Professeure dans un établissement du quartier, habitante de Bagnolet=
Angéline Desbordes-Silly, conseillère municipale de Bagnolet
Dienaba Djigo , cuisinière,habitante du quartier
Natacha Enokian, menuisière, mère d’Alba, habitante du quartier
Nelly Fournet, épidémiologiste, mère de Diego, habitante du quartier
Nathalie Gabaudan, habitante du quartier
Magalie Gallo, éducatrice spécialisée,mère de Waël
Tatiana Gaye, infirmière, maman de deux enfants, habitante du quartier
Natacha Georgin mère de 3 enfants
Sarah Grappin, commerciale, mère de 3 enfants, habitante du quartier
Diane Granoux, enseignante, mère d’Ismaêl et Ali, habitante du quartier
Sarah Guerlais infirmière, mère et habitante de Bagnolet
Celia Guinemer, rêve de vivre à côté d un lieu similaire
Nadia Hassani étudiante et habitante du quartier
Sabrina Heitzmann, mère de Nolan, habitante du quartier
Ndiaye Kebe, mère de Tidjani, habitante du quartier
Sandra Laflèche, urbaniste, mère de Souel et d’Umaï, ancienne habitante de Bagnolet et maintenant à Montreuil
Fleur Lemercier, marionnettiste, habitante du quartier des Malassis
Anne-Claire de La Selle, psychologue, mère de quatre enfants et habitante du quartier
Anne Lise Le Brun, intermittente du spectacle, mère de trois enfants
Martine Legouge sympathisante
Diane Luttway, professeure de philosophie, mère de trois enfants, habitante du quartier
Catherine Menoud, hautement sympathisante
Alexandra Olivier, professeure d’EPS, mère de 3 enfants et habitante de Bagnolet
Claire Palandri, sympathisante
Elsa Pernot, professeure de Pilates, habitante du quartier
Viviane Raulet-LeFloch, Chef de Projet Marketing Freelance, Professeure d’Economie Gestion au Lycée, habitante rue Anna (à 2 pas de la bergerie) et avant tout Maman des jumeaux Adam-jaime et Leo-Sage (6ans et demi) et Elio-Phoenix, 14 mois
Florence Robin, enseignante, habitante du quartier
Kadiatou Traore, étudiante, habitante du quartier
A Bagnolet on veut de la nature, de l’air pur, de la verdure, de la culture? Que la Bergerie perdure !
Il faut préserver tous les ilôts de nature et de solidarité.